Bien-être au travail
COMMENT EN SOMMES-NOUS ARRIVÉS LÀ?
Seul un français sur deux pense que l’entreprise agit dans son intérêt. Considérant que la place à l’épanouissement personnel est mince. Le bien-être au travail est donc devenu un enjeu majeur. Source de controverses liées à la santé publique et au travail. Un débat qui peine à faire comprendre que, le mal-être des travailleurs ne tient pas seulement à la santé physique. Il apparaît donc urgent d’intervenir au niveau de la santé mentale des employés.
Suicide, burnout, stress, insomnie sont des symptômes qui se propagent au sein de notre société. Leurs origines, d’après de récentes études, se trouvent dans ce qui rythme le cœur de nos vies : le travail.
Les métiers sont critiqués pour leur pénibilité. Les entreprises accusées d’être au cœur des dommages psychologiques des travailleurs et les patrons d’être des tortionnaires. Nous nous souvenons malheureusement de la vague de suicide chez France Télécom survenu en 2008-2009, et faisant 25 victimes. Un électrochoc pour ce géant de la téléphonie. Le poussant, indirectement, à un renouvellement de sa politique RH et de son management d’équipe.
Jusqu’à présent, l’activité professionnelle été le garant du lien social et des rapports sociaux. Aujourd’hui “Le travail n’est plus le maître […] des liens“, constat du sociologue français Jean Viard, il a été remplacé par les nouvelles technologies, l’instantanéité et les réseaux sociaux. Est-ce pour cela que le bien-être au travail prend de la place au sein des entreprises ?
Depuis quelques années, on constate que la recherche de ce bien-être fait l’objet d’une véritable croisade des entreprises. Mais pourquoi améliorer la qualité de vie et de travail des salariés ? Les plus pragmatiques diront qu’un salarié heureux, est un salarié engagé, car tout ne tient pas qu’à la fiche de paye. Mais les entreprises y voient aussi un moyen de lutter contre le turn-over de leurs équipes et limiter les risques de burnout des salariés.
Le travail véritable cause ou la société actuelle serait les maux ?
La question semble légitime. Surtout lorsque l’on constate que grands nombres d’entre nous cherchent à maximiser toujours plus leurs journées en réalisant le plus de tâche possible. Ce concept « d’accélération sociale », inventé par le sociologue allemand HARTMUT ROSA, nous empêche de profiter simplement de la vie.
Et si la véritable mission du bien-être était de replacer le travail au cœur de la vie des salariés de manière innovante et surtout significative ? Véritable facteur de productivité tout en réduisant l’absentéisme, le bien-être au travail est un concept venu tout droit des bureaux de la Silicon Valley. Un concept devenu obnubilant et faisant couler beaucoup d’encre, de salive et de #Bonheurautravail.
Et comment procède-t-on ?
Les entreprises aménagent maintenant des temps et espaces de détende pour leurs salariés. Cela passe par l’introduction de nouvelles pratiques médicales sur le lieu de travail, comme la sophrologie, ou sportive, comme le Yoga… Et pour cultiver ce bien-être, les entreprises appliquent « l’ambiance start-up ». De grand Open-Space au sein desquels trônent des tables de ping-pong, de grands canapés et où le “Chief Happiness Officer “(CHO) s’active. Et qui est ce curieux salarié ? Un employé qui se divise entre la Communication et les Ressources Humaines. Le CHO se place en tant que médiateur au sein de l’entreprise, ne lésinant pas sur les réunions, les points avec les employés… Par ailleurs, le cœur de son action s’articule autour de la mise en place de service ludique et socialisant pour les salariés (salle de sport, petit-déjeuner mensuel, bibliothèque participative).
La croisade pour un bien-être collectif au travail est, sur papier, une bonne intention. Pourtant, ces projets créés tout autour du bien-être au travail peuvent devenir oppressant, voir stressant pour certains employés. Ne l’oublions pas : ces activités nécessitent un acte collectif. Chaque salarié à sa propre personnalité, sa propre manière de construire son propre bonheur. D’après certains chercheurs et sociologues s’intéressant à ce sujet, cette campagne de bonheur au travail fait peser des attentes sur certains salariés qui envisagent leur bonheur de manière individuel et par-dessus tout, en dehors de l’entreprise. Attention donc à l’effet boomerang ! Après tout, le bien-être au travail et plus généralement le bonheur en tant que tel restent des notions subjective.